[Vu dans la presse] Climat et matières en suspension dans le continuum Terre-Mer de Kerguelen

L’équipe du CEFREM de l’Université de Perpignan, spécialisée dans l’étude des flux de matière à l’interface continent-océan, a participé à la mission MARGOCEAN à bord du Marion Dufresne dans l’Océan Austral, du 1er au 16 février 2024. Cette campagne fait partie du projet ANR-MARGO (Responsable Stéphane Blain, LOMIC, Observatoire Océanologique Banyuls-sur-Mer).

  • Le 10 mai

Rédigé par : François Bourrin, Bruno Charrière, Auguste Lugrin, Jennifer Sola, Christine Sotin, Philippe Kerhervé, Dominique Aubert / CEFREM, UMR5110 CNRS-Université de Perpignan Via Domitia
 

Centre de Formation et de Recherche sur les Environnements Méditerranéens. UMR 5110 UPVD CNRS (CEFREM)

2 mai 2025


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L’Océan Austral absorbe une grande partie des émissions globales de carbone d’origine anthropique. C’est notamment le phytoplancton qui transforme ce carbone atmosphérique en carbone particulaire et participe ainsi à la régulation du climat global en le piégeant durablement. Les apports continentaux issus de la fonte des glaciers de Kerguelen semblent être une source importante de matériel qui pourrait alimenter le bloom de phytoplancton observé par satellite au large sur le plateau. Les images satellites de chlorophylle a (voir Fig.1 haut) montrent un long filament reliant la Baie Irlandaise au Nord à la bordure du plateau où sont observés les maximums de concentration. Cependant, le glacier de Kerguelen, qui est le plus gros glacier français, fond très rapidement et sa disparition prévue pour la fin du siècle pourrait modifier le fragile équilibre de cet écosystème. Cette mission a visé à mieux quantifier et à caractériser de manière in situ les matières en suspension dans le continuum Terre-Océan, et à étudier leur transformation et leur devenir sur le plateau de Kerguelen. Des analyses de métaux particulaires, d’isotopes stables, de concentration et de teneur en carbone organique particulaire ont été effectuées sur les prélèvements d’eau afin de tracer les sources de matière. Des carottages de sédiment superficiel ont également été effectués et permettront de suivre et de caractériser les matières glaciaires et marines déposées sur le plateau. Enfin des analyses de radio-isotopes permettront de déterminer les taux de sédimentation et d’estimer les quantités déposées versus exportées hors du plateau. Au cours de la campagne, certains d’entre nous ont pu embarquer sur le navire La Curieuse, affrété par l’Institut Paul Émile Victor, afin de suivre l’origine et la transformation des matières d’origine glaciaire au plus près de la source du glacier (voir Fig.1 bas).
 


 Image satellite composite de Chlorophylle a et stations d'échantillonnage MARGOCEAN.

Analyse des matières glaciaires


Une instrumentation côtière éprouvée et adaptée, composée de capteurs optiques pour l’analyse de la concentration, de la taille et de la forme des particules en suspension, permettra de mieux caractériser le devenir des matières glaciaires. Des lignes de mouillages composées d’un courantomètre permettant de mesurer la vitesse et la direction du courant, des pièges à particules et des métaux dissous, des capteurs de température, salinité et profondeur permettant de mesurer les paramètres hydrologiques, serviront à caractériser l’hydrodynamisme, les flux de matières particulaires et dissoutes à l’interface continent-océan. Les lignes instrumentées sont restées sur place une année entière et ont été récupérées en décembre 2024. Les analyses de ces échantillons permettront d’accéder à la variabilité saisonnière du système. Les résultats attendus permettront de mieux comprendre comment les matières d’origine glaciaire se transforment dans le milieu marin sous l’effet de la floculation, et comment les éléments métalliques comme le fer sont transférés sur le plateau pour alimenter le bloom phytoplanctonique. Ces données seront comparées avec les mesures chimiques mais aussi de microscopie électronique effectuées par les laboratoires partenaires du projet afin de mieux les caractériser.

 


Inule visqueuse – Photo prise à Ille-sur-Têt le 27/09/04 Jean Tosti 10/2004 / Wikimédia

 



 

Création d'une rubrique de vulgarisation scientifique

Depuis novembre 2024, le journal La Semaine du Roussillon consacre une rubrique sur les projets de recherche menés à l’Université de Perpignan Via Domitia (UPVD). Chaque semaine, un ou une scientifique issu.e d’un des 16 laboratoires de l’UPVD prend la plume et partage ses travaux de recherche de manière vulgarisée.

La Semaine du Roussillon est le premier hebdomadaire d’informations des Pyrénées-Orientales. Il publie, depuis 1996, de l’information générale couvrant l’ensemble du département sous la houlette de journalistes indépendants. Éditée par la SARL Les Éditions de Celestina, La Semaine du Roussillon n’appartient à aucun groupe de presse. Le journal traite de l’actualité avec un intérêt particulier pour les sujets de fond. Cette volonté se traduit aujourd’hui par la création d’une rubrique dédiée à la vulgarisation scientifique.

À travers ses deux écoles doctorales, ses 16 unités de recherche et ses six plateformes technologiques, la recherche à l’UPVD est marquée par sa pluridisciplinarité et sa transdisciplinarité qui lui permettent aujourd’hui d’aborder de nombreux sujets liés à l’environnement, la biodiversité, les arts, les sciences politiques et sociales ou encore l’économie. Résolument engagée dans un esprit de partage de ses connaissances et de valorisation des travaux chercheurs, l’UPVD s’inscrit ici dans une volonté de promotion de la science au service de la société.
 



 


Mise à jour le 19 juin 2025
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