[Vu dans la presse] Tourisme dans les Pyrénées-Orientales : à l’épreuve de la sécheresse.

Alors que les épisodes de sécheresse se multiplient à travers la France, les Pyrénées-Orientales se révèlent particulièrement vulnérables. L’année 2022, marquée par un déficit pluviométrique inédit, a contraint le secteur touristique à se réinventer dans un contexte déjà fragilisé par deux ans de crise sanitaire.

  • Le 21 mars

Rédigé par : Yvan Tegui, doctorant en sciences économiques / Laboratoire CRESEM (UR 7397 UPVD).
 

Laboratoire Centre de recherches sur les Sociétés et Environnements en Méditerranée. UR 7397 UPVD (CRESEM)

21 mars 2025


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Entre littoral méditerranéen et contreforts pyrénéens, comment le secteur touristique pourra-t-il s’adapter à ce nouveau défi majeur d’attractivité ?

Blotti entre la Méditerranée et les Pyrénées, notre département constitue un haut lieu du tourisme français grâce à ses plages, ses sentiers de randonnée et son patrimoine catalan. Or, la sécheresse historique qui sévit depuis 2022, conséquence d’une pluviométrie réduite de moitié par rapport à la normale, a accru la pression sur la ressource en eau. Déjà touchés par deux ans de crise sanitaire, les acteurs du tourisme ont dû réagir en urgence pour concilier reprise économique et préservation de l’environnement. Avec 34 millions de nuitées et 1,5 milliard d’euros de consommation touristique en 2023, les Pyrénées-Orientales misent avant tout sur un littoral réputé (Canet, Saint-Cyprien, etc.), tout en valorisant l’arrière-pays pour la randonnée et l’œnotourisme. Cette diversité nous place au 7e rang des départements touristiques français, avec 15 % de l’emploi salarié dédié au tourisme. Toutefois, la pérennité de cette dynamique repose largement sur la disponibilité en eau (arrosage, piscines, irrigation viticole).

Cette sécheresse a des répercussions importantes sur l’offre touristique des Pyrénées-Orientales. Le tourisme balnéaire, pilier économique du département, est le plus impacté : interdiction d’utiliser les douches de plage, de laver les bateaux de plaisance, etc. La fermeture temporaire de sentiers pour risque d’incendie et le manque de ressources pour irriguer les vignobles mettent également à mal le tourisme vert, axé sur la randonnée, la découverte de la nature et l’œnotourisme.

 


Face au manque d’eau, les Pyrénées Orientales se réinventent déjà.

La nécessité d’une gouvernance concertée.


Pour surmonter ces problèmes, les professionnels du tourisme ont mis en place de nouvelles pratiques adaptatives. Une communication spécifique informe par exemple le public sur les éco-gestes (durée de la douche, utilisation du lave-linge). Les Offices de tourisme encouragent également une fréquentation hors saison et sensibilisent les vacanciers à la sobriété hydrique (douches à faible débit, suppression des bains et limitation du remplissage des piscines). En parallèle, le recyclage des eaux grises pour les pompiers a été instauré. La sécheresse récurrente dans les Pyrénées-Orientales souligne la nécessité d’une gouvernance concertée entre associations, hôteliers et collectivités qui doivent s’unir pour protéger la ressource en eau. Au-delà de la sensibilisation et de la diversification de l’offre touristique, la filière doit repenser ses pratiques pour évoluer vers un modèle plus vertueux. Dans cette optique, les campings, premier hébergeur du département avec 34 535 emplacements en 2023, se placent au cœur des initiatives. Au-delà des mesures immédiates, ils réfléchissent à des actions de long terme dans le cadre de la charte « Save water » signée entre le préfet et l’UMIH 66, avec l’objectif de réduire de moitié la consommation d’eau d’ici à 2030 (par rapport à 2023). Parmi les pistes envisagées figurent l’intégration de systèmes de récupération et de recyclage de l’eau dans 100 % des nouveaux projets d’hôtellerie-restauration, la réduction des cycles de lavage en machine ou encore la réutilisation des eaux de nettoyage. Les solutions mises en place, qu’elles soient technologiques, réglementaires ou pédagogiques, témoignent de la détermination des acteurs à trouver un nouvel équilibre. En poursuivant ces efforts, les Pyrénées-Orientales pourraient devenir un exemple de tourisme responsable, plus vert et capable de concilier attractivité économique et préservation de l’environnement, dans un contexte d’importantes tensions climatiques.



 

Création d'une rubrique de vulgarisation scientifique

Depuis novembre 2024, le journal La Semaine du Roussillon consacre une rubrique sur les projets de recherche menés à l’Université de Perpignan Via Domitia (UPVD). Chaque semaine, un ou une scientifique issu.e d’un des 16 laboratoires de l’UPVD prend la plume et partage ses travaux de recherche de manière vulgarisée.

La Semaine du Roussillon est le premier hebdomadaire d’informations des Pyrénées-Orientales. Il publie, depuis 1996, de l’information générale couvrant l’ensemble du département sous la houlette de journalistes indépendants. Éditée par la SARL Les Éditions de Celestina, La Semaine du Roussillon n’appartient à aucun groupe de presse. Le journal traite de l’actualité avec un intérêt particulier pour les sujets de fond. Cette volonté se traduit aujourd’hui par la création d’une rubrique dédiée à la vulgarisation scientifique.

À travers ses deux écoles doctorales, ses 16 unités de recherche et ses six plateformes technologiques, la recherche à l’UPVD est marquée par sa pluridisciplinarité et sa transdisciplinarité qui lui permettent aujourd’hui d’aborder de nombreux sujets liés à l’environnement, la biodiversité, les arts, les sciences politiques et sociales ou encore l’économie. Résolument engagée dans un esprit de partage de ses connaissances et de valorisation des travaux chercheurs, l’UPVD s’inscrit ici dans une volonté de promotion de la science au service de la société.
 



 


Mise à jour le 19 juin 2025
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