[Vu dans la presse] Sciences : vers une alimentation sans antibiorésistance

La résistance aux antibiotiques est un défi majeur pour la santé publique mondiale. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), elle représente l’une des plus grandes menaces sanitaires de notre époque, entraînant chaque année 35 000 décès en Europe et une perte économique de 1 500 milliards d'euros.

  • Le 17 mai

Rédigé par : Georges Istamboulié, Ingénieur de recherche • Laboratoire LBBM, UMR 8176, UPVD, Sorbonne Université, CNRS
 

Laboratoire Biodiversité et Biotechnologies Microbiennes (LBBM), UMR 8176 SU-UPVD-CNRS

17 mai 2025


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Face à ce problème, plusieurs projets européens, dont les initiatives transfrontalières Interreg POCTEFA TESTACOS et TESTACOS+, visent à réduire l’utilisation des antibiotiques. Ces projets rassemblent des chercheurs et des institutions de part et d’autre de la frontière franco-espagnole, avec pour objectif de lutter contre l’antibiorésistance dans l’industrie de l’élevage et, désormais, dans la production de fromages affinés. La résistance aux antibiotiques est une source d’inquiétude croissante dans le monde entier. En réponse à cette menace, des programmes européens ont été mis en place pour améliorer la gestion de ces médicaments et limiter leur utilisation, notamment dans le secteur vétérinaire, où ils sont couramment utilisés pour l’élevage. Ces programmes s’accompagnent d’une évolution des réglementations visant à limiter le transfert des antibiotiques vers la chaîne alimentaire, afin de réduire les risques de contamination. Le laboratoire LBBM de l’Université de Perpignan a lancé le projet TESTACOS en 2020 pour développer des outils permettant de détecter les antibiotiques, en particulier les sulfamides et les quinolones, dans les fluides biologiques des animaux d’élevage et dans leurs produits après l’abattage. Une étude menée sur 12 mois, dans cinq villes, a permis de collecter, tester et valider 5 399 échantillons. L’une des réalisations majeures a été la mise au point d’un immunocapteur électrochimique permettant une détection rapide des antibiotiques dans la viande, en moins de 30 minutes, sans l’utilisation de solvant organique et avec un protocole simple.
 


Le test TESTACOS permet de détecter la présence des antibiotiques et des amines biogènes dans les fromages affinés.


Une étude approfondie des fromages affinés


Le succès de TESTACOS a permis le lancement du projet TESTACOS+, qui vise à étendre cette approche à la détection des antibiotiques et des amines biogènes dans les fromages affinés. La technologie développée dans TESTACOS sera adaptée pour traiter de nouvelles matrices alimentaires. Les amines biogènes, produites par certaines bactéries au cours de l’affinage, peuvent provoquer des réactions allergiques et avoir des effets vasodilatateurs. Par ailleurs, la présence d’antibiotiques dans les fromages pourrait perturber l’équilibre des populations microbiennes et favoriser l’émergence de souches résistantes aux antibiotiques. Sur une période de 18 mois, 1 800 échantillons de fromages affinés (vache, chèvre et brebis) provenant de la région franco-espagnole (zone POCTEFA) seront collectés dans quatre villes. Ces échantillons seront analysés pour détecter la présence d’antibiotiques et d’amines biogènes. Les échantillons positifs seront ensuite examinés à l’aide de techniques microbiologiques pour évaluer l’antibiorésistance des bactéries et identifier les micro-organismes producteurs d’amines biogènes. Cette étude permettra d’évaluer l’impact de la résistance aux antibiotiques sur les communautés microbiennes dans les fromages et de déterminer les risques sanitaires associés. Les résultats de cette étude contribueront à la mise en place de nouveaux protocoles de nettoyage et de désinfection afin d’améliorer la sécurité des fromages affinés dans la zone transfrontalière Espagne France. La détection des antibiotiques et des amines biogènes permettra de limiter les risques sanitaires et d’augmenter la confiance des consommateurs dans la qualité des produits. Ce projet permettra également de renforcer la compétitivité des fromages produits dans cette région en garantissant leur sécurité et leur qualité, tout en consolidant les liens entre les différents acteurs de la filière fromagère, de l’éleveur au producteur.


Renforcer la chaîne alimentaire et les politiques régionales

L’objectif de TESTACOS+ est de stimuler la compétitivité des zones rurales en promouvant des produits alimentaires de qualité, sûrs et sains. En renforçant les politiques régionales et en développant une chaîne alimentaire durable et fiable, ce projet contribuera à une production fromagère plus responsable et à la réduction des risques sanitaires liés à l’antibiorésistance. Le projet vise à améliorer la sécurité alimentaire tout en consolidant la réputation des produits fabriqués dans la région franco-espagnole. Ainsi, TESTACOS+ représente un pas important vers un avenir plus sain et plus compétitif pour l’industrie fromagère de la zone transfrontalière Espagne France, en équilibrant la sécurité sanitaire et les enjeux économiques dans un secteur de plus en plus confronté à des défis globaux.

 



 

Création d'une rubrique de vulgarisation scientifique

Depuis novembre 2024, le journal La Semaine du Roussillon consacre une rubrique sur les projets de recherche menés à l’Université de Perpignan Via Domitia (UPVD). Chaque semaine, un ou une scientifique issu.e d’un des 16 laboratoires de l’UPVD prend la plume et partage ses travaux de recherche de manière vulgarisée.

La Semaine du Roussillon est le premier hebdomadaire d’informations des Pyrénées-Orientales. Il publie, depuis 1996, de l’information générale couvrant l’ensemble du département sous la houlette de journalistes indépendants. Éditée par la SARL Les Éditions de Celestina, La Semaine du Roussillon n’appartient à aucun groupe de presse. Le journal traite de l’actualité avec un intérêt particulier pour les sujets de fond. Cette volonté se traduit aujourd’hui par la création d’une rubrique dédiée à la vulgarisation scientifique.

À travers ses deux écoles doctorales, ses 16 unités de recherche et ses six plateformes technologiques, la recherche à l’UPVD est marquée par sa pluridisciplinarité et sa transdisciplinarité qui lui permettent aujourd’hui d’aborder de nombreux sujets liés à l’environnement, la biodiversité, les arts, les sciences politiques et sociales ou encore l’économie. Résolument engagée dans un esprit de partage de ses connaissances et de valorisation des travaux chercheurs, l’UPVD s’inscrit ici dans une volonté de promotion de la science au service de la société.
 



 


Mise à jour le 19 juin 2025
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