Acteurs, Ressources territoires dans le développement. UMR 5281 UPVD CNRS CIRAD UPVM UM
25 avril 2025
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L’aménagement, ensemble de pratiques ayant pour but de transformer et d’organiser nos espaces de vie pour faire advenir une situation jugée préférable, doit aujourd’hui intégrer le souci de ménagement du vivant et des milieux. L’urgence au regard des limites planétaires, les obligations législatives et réglementaires tout comme la sensibilité sociétale accrue à ces sujets y invitent de manière pressante. Comment la montée en puissance des enjeux écologiques dans le champ professionnel de l’aménagement et de l’urbanisme en transforme-t-elle les référentiels et les pratiques professionnelles ? Afin de répondre à ce questionnement, des enquêtes par questionnaires et entretiens ont été menées à l’échelle nationale auprès de plusieurs catégories de praticiens : urbanistes, paysagistes, écologues.
Les porteurs de projets doivent prendre conscience du contexte de crise des ressources. © Image génerée par intelligence artificielle
Les urbanistes et les paysagistes estiment majoritairement que les considérations écologiques sont désormais au cœur de leurs métiers. Leurs pratiques professionnelles ont beaucoup évolué ces dernières années sous l’effet de la montée en puissance des enjeux écologiques. Ils s’efforcent de privilégier de nouvelles pratiques d’aménagement plus attentives aux milieux et au vivant, d’insérer leurs projets de manière moins destructrice dans l’environnement. Les changements sont notables sur différents registres : l’importance accrue du végétal, le souci de sols vivants et perméables, les mesures en faveur de la biodiversité et des continuités écologiques, le rapport des projets d’aménagement à l’eau et à l’inondabilité, le réemploi pour économiser les matériaux, etc. Ces nouvelles pratiques esquissent un urbanisme biodiversitaire, résilient et frugal.
Vers un urbanisme résilient et frugal
Mais la transformation écologique n’implique pas seulement de concevoir de nouvelles modalités d’aménagement, elle suppose aussi de constituer des systèmes d’acteurs propices à la prise en charge effective des enjeux écologiques dans l’aménagement. Les concepteurs urbains sont amenés à travailler de plus en plus étroitement avec des acteurs non directement issus du monde professionnel de l’urbanisme et porteurs d’expertises spécifiques (écologues, hydrologues, énergéticiens, etc.). Les écologues, spécialistes du vivant, peuvent potentiellement intervenir à toutes les étapes d’un projet d’aménagement, et ce avec des missions variées, allant de la programmation au suivi de chantier, en passant par la réalisation d’études réglementaires ou une participation au processus de conception des aménagements. Ils sont de plus en plus sollicités par les paysagistes et, à un degré moindre, par les urbanistes. Ils deviennent ainsi des acteurs importants de certains projets d’aménagement et œuvrant alors à la conception de lieux de vie conçus simultanément pour le bien-être des humains et des non-humains. Si d’indéniables avancées peuvent donc être constatées quant à une progressive transformation écologique de l’aménagement et de l’urbanisme, de nombreux freins persistent toutefois. Deux obstacles majeurs ressortent des enquêtes. D’une part, le primat du souci de rentabilité des promoteurs et aménageurs ou d’économie budgétaire des collectivités, qui va à l’encontre des ambitions écologiques des aménagements (envisagées comme des surcoûts inutiles plutôt que comme un enrichissement de leur qualité globale). D’autre part, l’insuffisante volonté des maîtres d’ouvrage, publics ou privés, à intégrer les enjeux écologiques dans leurs projets, constitue un puissant obstacle à la transformation écologique de l’aménagement. Il est pourtant capital que les porteurs de projets prennent conscience de la nécessité d’envisager l’aménagement de façon renouvelée dans un contexte de crise des ressources, du climat et de la biodiversité. Les P.O. sont en première ligne vis-à-vis des effets de ces crises, tout comme ils sont aussi emblématiques des difficultés de certains acteurs locaux à prendre conscience de ces vulnérabilités et à repenser les modes de développement et d’aménagement. Or élus, praticiens de l’aménagement, acteurs économiques et citoyens doivent parvenir à inventer ensemble de nouveaux imaginaires pour des territoires plus sobres et résilients.
Création d'une rubrique de vulgarisation scientifique
Depuis novembre 2024, le journal La Semaine du Roussillon consacre une rubrique sur les projets de recherche menés à l’Université de Perpignan Via Domitia (UPVD). Chaque semaine, un ou une scientifique issu.e d’un des 16 laboratoires de l’UPVD prend la plume et partage ses travaux de recherche de manière vulgarisée.
La Semaine du Roussillon est le premier hebdomadaire d’informations des Pyrénées-Orientales. Il publie, depuis 1996, de l’information générale couvrant l’ensemble du département sous la houlette de journalistes indépendants. Éditée par la SARL Les Éditions de Celestina, La Semaine du Roussillon n’appartient à aucun groupe de presse. Le journal traite de l’actualité avec un intérêt particulier pour les sujets de fond. Cette volonté se traduit aujourd’hui par la création d’une rubrique dédiée à la vulgarisation scientifique.
À travers ses deux écoles doctorales, ses 16 unités de recherche et ses six plateformes technologiques, la recherche à l’UPVD est marquée par sa pluridisciplinarité et sa transdisciplinarité qui lui permettent aujourd’hui d’aborder de nombreux sujets liés à l’environnement, la biodiversité, les arts, les sciences politiques et sociales ou encore l’économie. Résolument engagée dans un esprit de partage de ses connaissances et de valorisation des travaux chercheurs, l’UPVD s’inscrit ici dans une volonté de promotion de la science au service de la société.