Espace Dev (UMR 228 UPVD-IRD-UM-UR-UAG)
18 avril 2025
----------
Actuellement, 1 Français sur 4 souffre d’une maladie chronique, et le nombre de malades chroniques ne cesse de progresser. Si la sédentarité est identifiée comme un facteur de risque majeur, avec le tabac, l’alcool et une mauvaise nutrition, la pollution environnementale est aussi largement pointée du doigt. L’allongement de l’espérance de vie augmente le nombre de porteurs de maladie chronique et les progrès thérapeutiques font que ces porteurs vivent plus vieux. La prise en charge des maladies chroniques est donc un réel enjeu de santé publique et d’équilibre de notre système de santé, alors que ce dernier est déjà largement dépassé. Si les médicaments représentent une grande partie de la prise en charge des maladies chroniques, l’APA est une intervention non médicamenteuse recommandée par les plus hautes institutions de santé de notre pays1-2. Dans le parcours de soins, la pratique d’Activité Physique Adaptée (APA) est omniprésente3. Malheureusement, beaucoup de patients ne participent pas à ces programmes d’APA supervisés4. Pour ceux qui se sont engagés, le retour à domicile marque souvent l’arrêt de la pratique. Dans un système de santé débordé, les établissements de santé accueillant les malades chroniques ont besoin d’innover, d’être plus efficients et de réussir à maintenir les patients dans l’APA. Pour cela, le suivi de la prise en charge par les APA doit être optimal, non invasif et au plus proche du patient. Facile à dire mais moins à faire !
Les établissements de santé accueillant les malades chroniques ont besoin d’innover, d’être plus efficients.
Objets connectés et intelligence artificielle
La gestion des maladies chroniques implique des milliers de données patient: des données sur la maladie, son évolution, l’état psychologique, la qualité de vie, l’environnement, le niveau d’activité physique etc. qui proviennent de sources diverses à des moments différents. La collecte, le traitement et l’analyse de ces métadonnées pour la production d’indicateurs de santé et d’outils d’aide à la décision pour les équipes soignantes nécessitent le développement de méthodologies adaptées. Dans le milieu de la santé, l’utilisation d’objets connectés validés scientifiquement, comme des montres-bracelets ou des bagues, est de plus en plus développée. Il est ainsi aisé de recueillir 24h/24 et 7j/7 de multiples données et il est aussi possible d’évaluer les patients à des instants précis, pour déterminer leur endurance, leur équilibre, leur qualité de vie, ainsi que tout autre renseignement de son dossier médical. Pour analyser de telles quantités de données complexes, l’intelligence artificielle (IA) est nécessaire. Cette IA permettra d’identifier des trajectoires de patients selon leur niveau d’APA, celle-ci étant un déterminant majeur de la santé des patients. L’IA permettra aussi de créer des modèles de prédiction sur la pratique de l’APA: quand la faire et comment la faire pour aller vers une trajectoire de santé bénéfique.
Utiliser les méthodes d’IA et développer des modèles est une spécialité du laboratoire Espace Dev de l’Université de Perpignan. Son objectif sera de proposer des aides à la décision pour les acteurs de la santé, à des fins de politiques de santé. L’IA ne remplacera pas l’Homme. Les chercheurs en santé du laboratoire Espace Dev seront acteurs à toutes les étapes: récolte, analyse des données, compilation et création de modèles prédictifs permettant d’identifier en amont des ruptures indiquant l’adhésion à l’APA ou le renoncement. Au-delà de l’expertise en sciences des données, les chercheurs apporteront les compétences nécessaires qui permettront la lecture aux praticiens, l’aide à la décision et au final, l’élaboration conjointe de recommandations médicales sur la prise en charge du malade chronique. La clinique SuperValtech du groupe ELSAN est un des partenaires de ce projet et cofinancé avec la Région Occitanie un doctorat sur le sujet.
1. HAS. 2011. Rapport d’orientation : développement de la prescription de thérapeutiques non médicamenteuses validées.
2. Inserm 2008. Expertise : Activité physique. Contextes et effets sur la santé.
3. FHP-SSR 2017. Guide : La place de l’APA dans le parcours de soins du patient suivi en SSR et en post SSR.
4. Albert NM, Forney J, Slifcak E, Sorrell J. 2015. Understanding physical activity and exercise behaviors in patients with heart failure. Heart Lung 44(1) : 2-8.
Création d'une rubrique de vulgarisation scientifique
Depuis novembre 2024, le journal La Semaine du Roussillon consacre une rubrique sur les projets de recherche menés à l’Université de Perpignan Via Domitia (UPVD). Chaque semaine, un ou une scientifique issu.e d’un des 16 laboratoires de l’UPVD prend la plume et partage ses travaux de recherche de manière vulgarisée.
La Semaine du Roussillon est le premier hebdomadaire d’informations des Pyrénées-Orientales. Il publie, depuis 1996, de l’information générale couvrant l’ensemble du département sous la houlette de journalistes indépendants. Éditée par la SARL Les Éditions de Celestina, La Semaine du Roussillon n’appartient à aucun groupe de presse. Le journal traite de l’actualité avec un intérêt particulier pour les sujets de fond. Cette volonté se traduit aujourd’hui par la création d’une rubrique dédiée à la vulgarisation scientifique.
À travers ses deux écoles doctorales, ses 16 unités de recherche et ses six plateformes technologiques, la recherche à l’UPVD est marquée par sa pluridisciplinarité et sa transdisciplinarité qui lui permettent aujourd’hui d’aborder de nombreux sujets liés à l’environnement, la biodiversité, les arts, les sciences politiques et sociales ou encore l’économie. Résolument engagée dans un esprit de partage de ses connaissances et de valorisation des travaux chercheurs, l’UPVD s’inscrit ici dans une volonté de promotion de la science au service de la société.