Centre de Formation et de Recherche sur les Environnements Méditerranéens. UMR 5110 UPVD CNRS (CEFREM)
27 juin 2025
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Antoine Lamy, ATER UPVD, Laboratoire CEFREM. Les dunes littorales du Roussillon présentent la particularité d’évoluer dans un environnement fortement dominé par les vents de terre (la Tramontane). Ce contexte spécifique donne lieu, depuis 2020, à l’étude de l’impact de ces vents sur le système littoral (de la dune à la mer) par le CEFREM, au sein de l’Université de Perpignan. Ces recherches sont réalisées lors de nombreuses campagnes de terrain durant lesquelles des mesures de vitesse et de direction du vent sont effectuées à l’aide d’anémomètres. Le transport du sable par le vent est quant à lui quantifié grâce à des pièges à sédiments disposés sur la plage. Les résultats, étayés de plusieurs publications scientifiques, permettent d’affirmer que les vents de terre ont un fort impact sur les évolutions morphologiques de la plage. Lors des fortes tempêtes de tramontane, en seulement quelques heures, la plage peut s’éroder verticalement d’une cinquantaine de centimètres. De plus, les flux sédimentaires peuvent atteindre plusieurs centaines de kilogrammes par mètre linéaire, en une heure, à l’extrémité de la plage côté mer. Le sable alors exporté vers les fonds marins peu profonds est remobilisé par les vagues de faible énergie à l’interface entre la plage et la mer, et il peut engendrer une avancée du trait de côte de plusieurs mètres en quelques heures.
La plage de Leucate © Drone Léman
La plage de Leucate pour exemple.
Sous l’influence des vents provenant de la terre, la dune fait office de rempart à la circulation du vent sur la plage et impacte fortement la distribution du transport sédimentaire sur cette dernière. Nos récents travaux se sont concentrés sur l’impact d’un massif dunaire créé par l’Homme sur le site de Leucate-plage au niveau du lido du Mouret. En effet, bien que d’aspect naturel, la dune est issue d’une volonté de la municipalité d’interdire l’accès à une route se trouvant au même lieu. Ainsi, au début des années 2000, la route a été déconstruite pour laisser place à l’actuelle dune. Le remblai de déconstruction de la route compose actuellement le cœur de la dune, qui a été, à l’époque, nappée par du sable issu du dragage des ports. Le développement de la végétation et la pose de ganivelles ont permis de fixer la dune telle que nous la connaissons actuellement. Du fait de son origine anthropique, la dune au niveau de Leucate-plage peut atteindre une hauteur de 2 m, mais surtout des pentes assez fortes (de 20 à 30°). Cette forme spécifique perturbe fortement la distribution du vent sur la plage. Au niveau du pied de la dune côté mer, le vent sera très atténué, représentant seulement 20 à 40 % du vent observé sur la dune. De plus, la direction du vent est fortement affectée au passage par le relief dunaire, et il peut être fortement dévié jusqu’à devenir parallèle à l’axe de la dune. Lorsque la tramontane souffle de manière peu oblique, elle frappe la dune de manière perpendiculaire à son axe. Au passage de la dune, le vent peut alors se retrouver inversé au niveau du pied de la dune par des phénomènes de boucle de re-circulation. Le vent, au pied de la dune et sur le haut de la plage, est donc fortement atténué, limitant le transport du sable par le vent et protégeant donc la plage d’une éventuelle érosion créée par l’action du vent. En s’éloignant de la dune, le vent va retrouver son intensité et sa direction qu’il avait à l’origine, en augmentant graduellement en s’éloignant de la dune, augmentant, par la même occasion, les quantités de sable transportées. Les sédiments exportés vers la mer pourront être redistribués par les vagues sur la plage lors des tempêtes marines habituelles durant les périodes automnales et hivernales. Ainsi, un cycle de transport des sédiments peut être observé sur nos littoraux entre export de sable vers la mer lors des tempêtes de vent de terre, et retour de celui-ci sur la plage lors des tempêtes marines. La dune au niveau de Leucate-plage peut atteindre une hauteur de 2 m. Des pièges à sédiments sur la plage de Leucate.
Création d'une rubrique de vulgarisation scientifique
Depuis novembre 2024, le journal La Semaine du Roussillon consacre une rubrique sur les projets de recherche menés à l’Université de Perpignan Via Domitia (UPVD). Chaque semaine, un ou une scientifique issu.e d’un des 16 laboratoires de l’UPVD prend la plume et partage ses travaux de recherche de manière vulgarisée.
La Semaine du Roussillon est le premier hebdomadaire d’informations des Pyrénées-Orientales. Il publie, depuis 1996, de l’information générale couvrant l’ensemble du département sous la houlette de journalistes indépendants. Éditée par la SARL Les Éditions de Celestina, La Semaine du Roussillon n’appartient à aucun groupe de presse. Le journal traite de l’actualité avec un intérêt particulier pour les sujets de fond. Cette volonté se traduit aujourd’hui par la création d’une rubrique dédiée à la vulgarisation scientifique.
À travers ses deux écoles doctorales, ses 16 unités de recherche et ses six plateformes technologiques, la recherche à l’UPVD est marquée par sa pluridisciplinarité et sa transdisciplinarité qui lui permettent aujourd’hui d’aborder de nombreux sujets liés à l’environnement, la biodiversité, les arts, les sciences politiques et sociales ou encore l’économie. Résolument engagée dans un esprit de partage de ses connaissances et de valorisation des travaux chercheurs, l’UPVD s’inscrit ici dans une volonté de promotion de la science au service de la société.