Master Biodiversité, écologie, évolution (BEE) à l'UPVD
4 avril 2025
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La chaîne alimentaire des loutres s’appauvrit
Les avancées en biologie moléculaire permettent aujourd’hui d’analyser le régime alimentaire des loutres à partir de l’ADN contenu dans leurs crottes – ou épreintes pour les initiés. Ces techniques non invasives ne se limitent pas à l’identification des proies consommées: elles éclairent également sur l’identité des proies de ces proies, offrant ainsi une vision plus large des organismes peuplant les cours d’eau et impliqués dans la chaîne alimentaire de ce prédateur. Dans le cadre de leur formation en Master Biodiversité, Écologie, Évolution (BEE), parcours Biodiversité et Développement Durable (BDD), les étudiants de l’Université de Perpignan participent à un suivi à long terme du régime alimentaire des loutres le long du Tech tout en s’initiant aux approches innovantes de l’écologie moléculaire. Chaque année, en septembre, vous les croiserez peut-être en pleine collecte d’épreintes sur les rochers émergés et les berges du fleuve, avant que ces précieuses traces ne soient analysées en laboratoire. Or, depuis trois ans, l’intensification des épisodes de sécheresse dans les Pyrénées-Orientales met à rude épreuve les écosystèmes d’eau douce. En analysant les épreintes collectées au fil des années, les étudiants ont mis en évidence une diminution progressive de la diversité des organismes identifiés à partir des ADN extraits des épreintes. Autrement dit, la chaîne alimentaire des loutres s’appauvrit, ce qui suggère fortement une raréfaction de la diversité des espèces dans l’environnement. Ce phénomène est préoccupant: si la tendance se poursuit, le déclin de cette biodiversité pourrait fragiliser toute la structure de la chaîne alimentaire, jusqu’à compromettre le maintien des prédateurs supérieurs comme la loutre.
Depuis l’interdiction de la chasse en 1981 c’est la pollution qui est devenu le premier facteur de régression ou d’entrave à la réoccupation de son aire de répartition.
Tout espoir n’est cependant pas perdu. Dotées d’un régime alimentaire opportuniste, les loutres pourraient ajuster leur menu en fonction des proies abondantes, y compris celles situées plus bas dans la chaîne alimentaire. Ainsi, il n’est pas rare de retrouver des restes d’écrevisses dans leurs épreintes ; et la bonne nouvelle, c’est que la plupart des espèces d’écrevisses présentes dans le département sont invasives. Une raison de plus d’accueillir la loutre avec enthousiasme sur notre territoire et de poursuivre l’étude de l’évolution de son régime alimentaire dans le temps !
Création d'une rubrique de vulgarisation scientifique
Depuis novembre 2024, le journal La Semaine du Roussillon consacre une rubrique sur les projets de recherche menés à l’Université de Perpignan Via Domitia (UPVD). Chaque semaine, un ou une scientifique issu.e d’un des 16 laboratoires de l’UPVD prend la plume et partage ses travaux de recherche de manière vulgarisée.
La Semaine du Roussillon est le premier hebdomadaire d’informations des Pyrénées-Orientales. Il publie, depuis 1996, de l’information générale couvrant l’ensemble du département sous la houlette de journalistes indépendants. Éditée par la SARL Les Éditions de Celestina, La Semaine du Roussillon n’appartient à aucun groupe de presse. Le journal traite de l’actualité avec un intérêt particulier pour les sujets de fond. Cette volonté se traduit aujourd’hui par la création d’une rubrique dédiée à la vulgarisation scientifique.
À travers ses deux écoles doctorales, ses 16 unités de recherche et ses six plateformes technologiques, la recherche à l’UPVD est marquée par sa pluridisciplinarité et sa transdisciplinarité qui lui permettent aujourd’hui d’aborder de nombreux sujets liés à l’environnement, la biodiversité, les arts, les sciences politiques et sociales ou encore l’économie. Résolument engagée dans un esprit de partage de ses connaissances et de valorisation des travaux chercheurs, l’UPVD s’inscrit ici dans une volonté de promotion de la science au service de la société.