Invitée
Judicaël Petrowiste, maître de conférences en histoire médiévale à l'Université Paris Cité
Résumé
En 1337, le déclenchement de la guerre entre Philippe VI de Valois et Édouard III Plantagenêt ouvre une ère de fortes turbulences pour le royaume de France. À la suite des défaites de Crécy (1346) puis de Poitiers (1356), le conflit s’impose en effet dans le quotidien des populations : les gens d’armes à la solde des deux souverains rivaux parcourent les campagnes en quête de butin, s’emparent des forteresses isolées et s’en prennent aux agglomérations mal défendues. Ils entretiennent une insécurité endémique qui pèse lourdement sur le fonctionnement des sociétés et de l’économie. Celle-ci s’avère d’autant plus pernicieuse qu’elle est durable. Si des périodes de relatif répit interviennent à la faveur des trêves de la fin du XIVe siècle, le conflit ne tarde pas à rebondir au début du XVe siècle et dégénère en guerre civile, qui conduit à la prolongation des hostilités jusqu’au milieu du XVe siècle.
Les activités d’échanges souffrent tout particulièrement de la situation. Dans les premières décennies du XIVe siècle, le réseau des assemblées commerciales avait atteint dans le royaume une remarquable densité, favorisée par l’intensification séculaire des trafics marchands. Or les gens d’armes font peser une menace permanente sur la circulation des hommes et des produits, et ils s’attaquent volontiers aux rassemblements commerciaux en vue de fructueuses rapines. La fréquentation des foires et marchés s’effondre et nombre d’assemblées doivent interrompre leur tenue, ce qui induit une profonde désorganisation du réseau des places d’échanges. Ce constat peut induire une lecture très pessimiste des dynamiques à l’œuvre, qui s’inscrit dans la vision traditionnellement négative de la période qui s’étend du milieu du XIVe au milieu du XVe siècle – un temps que l’on résume souvent à la triade guerre, peste et famine.
C’est toutefois oublier à quel point les marchés étaient devenus indispensables aux populations des XIVe et XVe siècles, qui y trouvaient de quoi satisfaire leurs besoins en produits alimentaires et en biens d’équipement, mais aussi de quoi dégager, par la vente de leur production, le numéraire qui leur faisait défaut. Conscients de ces réalités, les pouvoirs locaux (seigneurs, communautés d’habitants, agents du roi de France) s’efforcèrent avec constance de préserver la continuité de l’offre d’échanges dans ces temps difficiles. On s’attachera à mettre en évidence cette remarquable résilience du réseau des foires et marchés pendant la guerre de Cent ans, en étudiant les dispositifs mis en œuvre pour sécuriser les assemblées commerciales et en garantir la tenue, ou pour recomposer en permanence le maillage des places marchandes afin qu’il puisse remplir son rôle auprès des populations.
Paris, BnF, département des Manuscrits, Français 12559, fol. 167, vers 1400
Présentation
Judicaël Petrowiste, maître de conférences en histoire médiévale à l'Université Paris Cité, consacre ses recherches à l'histoire
économique et sociale du second Moyen Âge (XIe-XVe siècle), et plus précisément aux pratiques d'échanges et de consommation. Il a
notamment publié, en collaboration avec Marion Lafuente Gómez (U. de Zaragoza), Faire son marché au Moyen Âge. Méditerranée
occidentale, XIIIe-XVIe siècle, Madrid, Casa de Velázquez, 2018 et, en collaboration avec Guilhem Ferrand (U. Toulouse-Jean-
Jaurès), Le nécessaire et le superflu. Le paysan consommateur dans l'Europe médiévale et moderne. Actes des 36es journées
internationales d'histoire de l'abbaye de Flaran, Toulouse, Presses universitaires du Midi, 2019.
 
Date :
Mercredi 26 novembre 2025
de 16h à 18h
Lieu :
en ligne, lien zoom à claude.denjean@univ-perp.fr
https://jacov.hypotheses.org/a-propos
Organisateur :
Laboratoire FRAMESPA
Contact :
- Les séminaires JACOV 2025-2026
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Le séminaire JACOV vise à insérer les étudiants et les jeunes chercheurs au sein de la recherche française, ibérique et internationale en histoire sociale de l’économie et en études juives. Le groupe, constitué de médiévistes et de sociologue sollicte les autres périodes historiques et d’autres disciplines.
Cette année, l’attention continuera à se porter vers le jeu essentiel entre une documentation, une question et un chercheur, poursuivant la démarche présentée l’an dernier par Laurent Feller (L’évident et l’invisible). Nous scruterons par exemple les actes de l’administration royale (R. Chilà), les inventaires et les comptabilités (J. Moulier Calbris), la production urbaine (X. Nadrigny). Les conférenciers s’appuieront sur des textes normatifs, des actes notariés, des procédures administratives ou judiciaires, mais aussi des entretiens conduits par les sociologues. Nous verrons comment présenter une histoire et une sociologie des juifs et des chrétiens, des marchands, des courtiers et des artisans… Nous interrogerons en particulier ce que ces acteurs économiques et sociaux ont en commun et qui fait communauté (gouvernement, communauté, association), la construction sociale créatrice de centralité et de marges, parfois dans un contexte de crise (J. Petrowiste).
 - Planning 2025-2026
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Note : Tous ces séminaires auront lieu le mercredi de 16 à 18 heures, excepté la journée du 24/10 qui aura lieu de 14 à 18 heures.
17 septembre 2025
Roxane Chilà, Université de Bordeaux 3/Ausonius
22 octobre 2025
Xavier Nadrigny, Lamop
24 octobre 2025
Perpignan « Mille ans » ?, Bilan historiographique
D. Coulon (Strasbourg), Philip Daileader (Virginia), Sara Ifft Decker, Rebecca Lynn Winer (Vilanova)
Octobre 2025
Séjour de Nureet Dermer, Université de Jérusalem
26 novembre 2025
Judicaël Petrowiste, Université de Paris-Cité/Échelles
3 décembre 2025
Éthan Katz. Université de Californie, Berkeley
4 février 2026
Notaires
11 mars 2026
Joséphine Moulier Calbris, Université de Lyon 3/CIHAM